Ah ben oui, j’ai un amoureux, je vous ai pas dit?
Vous vous souvenez de ma rencontre avec Şafak, le joueur de tambour? Et bien on s’est revus! Il est venu me chercher en haut de l’île. Il a proposé qu’on aille manger un bout dans un resto de poissons tout en bas. Bon, comme c’était un rendez-vous, j’avais mis des hauts talons… il a donc fallu m’aider à descendre la montagne pour éviter que je me torde la cheville. C’était pratique, grâce à cette gymnastique, on s’était déjà rapprochés. A tel point qu’arrivés en bas, il me parlait comme si on sortait déjà ensemble alors qu’on ne s’était même pas encore embrassés. Il faisait très gentleman, très bien élevé, j’ai trouvé ça mimi.
Şafak a 25 ans, il est joueur de tambour et joue à la fois dans un groupe de musique folklorique et dans des orchestres symphoniques. Il vit avec deux colocataires: Atilla, contrebassiste et Ebu, tromboniste. Ses parents? Ils vivent en Anatolie centrale, pas très loin d’Ankara. Il me raconte avec une moue que contrairement à lui, ils sont musulmans et très traditionnels. Son papa Ahmet est un homme très sévère qui, dit-il en le mimant, se caresse la moustache quand il réfléchit. Quant à sa maman, elle porte non seulement le hijab mais aussi le ‘teşettür’, elle est donc voilée de la tête aux pieds. Ca jure un peu avec le personnage que j’ai en face de moi: Şafak est hyper moderne, il porte même une boucle d’oreille! Il avoue que ce bijou a été une source de dispute. Pour son père, c’était une honte; pour le musicien, c’était un symbole porté par beaucoup d’artistes à Istanbul. Il fut un temps où, pour ne pas froisser son papa, il retirait sa boucle d’oreille quand il rendait visite à sa famille. Jusqu’au jour où son père a vu son fils arborer son anneau lors d’une performance musicale à la TRT (la chaîne de télévision publique)… et a compris que son combat était vain.
Il n’était pourtant pas facile pour Ahmet d’accepter que son fils mène sa propre vie. Il aurait aimé que celui-ci suive une toute autre voie: celle de soldat. Şafak me raconte que ses parents l’ont poussé à s’engager dans l’armée à l’âge de 16 ans. Non pas pour un petit service militaire, non non, pour la vie! Ou presque car en Turquie, un soldat est lié par contrat pour une durée de quinze ans(!)
Pour Ahmet, c’était une façon d’assurer l’avenir de sa progéniture; pour l’adolescent que Şafak était à l’époque, c’était la classe! Après tout, être soldat dans le pays d’Atatürk, c’est une fierté nationale. Seulement, à l’âge de 21 ans, Şafak ne pouvait plus voir l’institution militaire en peinture… et il s’est enfui! « Aujourd’hui, m’explique-t-il en sirotant son rakı, je suis considéré comme déserteur et recherché. Pas activement mais recherché quand même. Si l’armée me retrouve, je serai envoyé en prison pour six mois. »
« Mais c’est horrible! » m’exclame-je avec des yeux ronds. « Mais non » me répond-il avec son sourire en coin. « Et toi alors, dit-il pour changer de sujet, raconte-moi pourquoi tu aimes tellement la Turquie. C’est tellement incroyable… »
Cette anecdote date du mois d’août 2009. Elle a été écrite au mois de février 2012.
Elle est parue sur le site du Petitjournal.com le 9 février 2012 pour inaugurer la nouvelle rubrique ‘De blog à blog’.
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Ah j’aime bien. Faut dire que j’écoutais une musique un peu triste en lisant ce passage qui collait bien à la partie sur l’armée. http://www.youtube.com/watch?v=TZB1sD7sMaU&list=FLl3j5ICw7ZXFAUQZWdJ7OjQ&index=1&feature=plpp_video
Ah chouette la musique!
Curieux, on m’avait dit que lorsqu’un turc souhaitait faire carrière en tant qu’officier, une enquête était ouverte et il ne pouvait être reçu si sa mère était voilée… Laïcité oblige. Cela a changé ?
Ah ben visiblement ce n’est pas le cas! Ou ça l’était puis ça a changé?
Possible. Mais « on m’a dit », c’est peu fiable aussi 🙂 ça m’intéresse, je vais chercher cela !