Je vous racontais récemment à quel point il est parfois inconfortable d’être à la fois étrangère et blonde à Istanbul. Figurez-vous que je me rends compte que même si on ne me prend pas tous les jours pour une prostituée russe, il y a des jours avec regards salaces et des jours sans. Etonnant: les jours où je me fait le plus importuner sont ceux où je porte un bête pull et un jean. Lorsque je me rend à une soirée en jupe et talons, paradoxalement, je suis bien plus respectée. Mais pourquoi?
Dans le rang des copines, même son de cloche. Flora et Mano semblent connaître le même phénomène. Déconcertées, nous confions notre problème à d’autres filles -turques- pour voir si elles vivent la même chose. La réponse est surprenante: « Ca c’est parce que vous, les étrangères, vous marchez en rue d’un pas léger. Vous êtes souriantes, guillerettes, vous paraissez heureuses. C’est ce qui les attirent comme des mouches. »
Incompréhension… Les filles clarifient: « en Europe, les hommes sont civils mais ici, la majorité des Turcs ne savent malheureusement pas se tenir. Ils laissent libre cours à leurs hormones en nous dévisageant de façon peu élégante ou en faisant des remarques tout haut. Si on se balade en rue normalement, on attire les problèmes. C’est pourquoi nous les Turques, on arbore toujours un visage sévère et fermé en public. On fait ça dans le but de les rejeter. »
Alors c’était ça! On avait bien remarqué qu’elles étaient hautaines et cassantes avec les inconnus et qu’elles riaient rarement en public mais on n’avait jamais saisi pourquoi. L’attitude agressive de Farah avec tout homme qui osait poser son regard sur nous prend désormais tout son sens. Une remarque d’Adem, cet ami dont je n’ai plus de nouvelles, me revient maintenant en mémoire: « Les femmes turques sont si désagréables que quand on voit une étrangère souriante, on se dit: Elle m’aime! »
Ah ah, évidemment! On comprend également mieux maintenant pourquoi les plus basiques d’entre eux nous prennent pour des prostituées lorsqu’on est gentilles et polies. Le contraste avec les femmes turques est frappant!
On se rend compte également que, quel que soit leur statut social, toutes font pareil. De la femme de ménage à l’employée d’une entreprise de logistique en passant par la patronne d’une chaîne de vêtements, toutes nous confirment la triste réalité: pour éviter de se faire importuner en rue, il faut tirer la gueule.
Ni une ni deux, on décide de passer à la pratique. A chaque fois qu’on croise un homme, on fronce les sourcils et on laisse tomber la mâchoire. Résultat: ça marche! On comprend dès lors aussi que si on se faisait moins aborder en jupe et à talons, c’est parce qu’habillées ainsi, on adoptait par réflexe une attitude plus méfiante.
Aujourd’hui, je compte de moins en moins de remarques désobligeantes. Quant à Mano, maniant la technique à la perfection, elle s’est fait plaisir en s’offrant une panoplie complète de mini-shorts chez Mango. Son verdict: « plus le short est mini, plus ils me laissent tranquille! »
Alléluia!
Mon programme de la soirée? Un concert-barbecue improvisé...
La cohabitation avec Dario se passe à merveille. Et...
Depuis mon arrivée à Istanbul, les femmes que je...
Le 11 septembre 2001, Kuşadası, Ouest de la Turquie...
Un jour, tandis que Şafak et moi bavardions de tout...
Alaturka Belles, belles, belles! Chacun son quartier Du fun à la pelle Fous rires L'aventure, c'est l'aventure Le livre en ligne Non classé Politika Rencontres Surprises! T'as l'adresse? Têtes de Turcs Trucs de filles Une autre culture
Cela fait plus ou moins un mois que Lider et moi sommes ensemble. Un soir, je suis en train de...
Bonsoir Melody,
Enfin la suite!
Ce sont de drôles d’attitudes, faire la gueule, mais si ça marche…
pascal Articles récents..Sur le chemin qui me mène vers l’endroit où je dois me rendre, j’ai rencontré…
Bonsoir Pascal,
Comme vous dites. Il a fallu un temps d’adaptation. Parfois j’oublie, le naturel reprend le dessus et je me demande pourquoi je tombe sur des hommes irrespectueux. Après ça me revient et je remets en pratique. C’est dommage parce que ce n’est vraiment pas dans ma personnalité, je dois me forcer mais bon, il faut ce qu’il faut! 🙂
Ce comportement n’honore pas la communauté dont je fait partie.
On a sans doute des lacunes dans l’éducation et la culture,
faudra sans doute quelques décennies pour corriger ça !!!
Bah la Turquie n’est pas le seul pays où les hommes réagissent comme ça mais c’est vrai que ce serait mieux s’ils pouvaient corriger leur comportement. 🙂
Mon amie Sophie a une théorie à ce sujet. Elle pense que dans les pays d’Europe (du nord surtout), les hommes se limitent eux-mêmes. Lorsqu’ils regardent une jolie femme, ils le font tout en gardant une certaine réserve. Les femmes peuvent donc se balader tranquilles sans avoir cette désagréable sensation d’être ‘déshabillées’ du regard. On le voit bien en Norvège où les femmes peuvent porter des mini jupes sans être importunées. Dans certains pays méditerranéens, c’est le contraire. Les hommes sont toutes hormones dehors et ce sont aux femmes de mettre les limites, en se couvrant plus et en adoptant une attitude de rejet. Une question de culture…