Le lendemain matin, je quitte l’île de Büyükada pour rentrer à Istanbul. Sur le bateau, je bouquine tout en sirotant un thé acık*, déguste un demi simit** puis jette ce qu’il en reste aux mouettes. Après une heure trente de traversée, je débarque à la station de Kabataş. Et comme chaque fois après avoir respiré l’air pur des îles pendant quelques jours, le retour en ville est violent. La foule, les embouteillages, le bruit des klaxons, les cris des vendeurs de rue et l’odeur de la pollution me frappent de plein fouet. Je m’engouffre dans le métro pour rejoindre Taksim et une demi heure plus tard, je suis chez moi.
Flora travaille dans sa chambre sur son mémoire et Mano est partie faire du shopping chez Mango. Je suis en train de ranger mes affaires de massage quand on sonne à la porte. Je jette un coup d’oeil à travers le judas : c’est Mehmet, le fils de la concierge. Il ne doit pas avoir plus de 14 ou 15 ans (vu le fin duvet qui orne sa lèvre supérieure) et d’après ce qu’on a compris, ce garçon souffre d’un handicap mental. La première fois qu’il m’a vue, il m’a demandé mon nom et quand je le lui ai donné, il a semblé comme illuminé. Depuis, il revient régulièrement sonner à la porte pour demander « Tu t’appelles Melody? » Je réponds alors par l’affirmative et après un sourire niais et un grand « Aaah », il s’en va tout content. Ce qui est intéressant c’est qu’il semble avoir bloqué sur ce prénom car quand il tombe sur l’une de mes colocataires, il lui pose la même question. Même si la réponse est « Non moi c’est Flora » ou « non moi c’est Manolya », il émet le même « Aaah » et puis s’en va.
Je sais donc ce qui m’attend. Ouverture de porte-sourire gentil-« oui c’est moi-bonne journée Mehmet »-fermeture de porte.
On re-sonne. Cette fois c’est Aytekin, le proprio, qui vient réparer la fenêtre de la cuisine. Cet homme est désagréable au possible et le pire, c’est qu’on est obligées de l’appeler assez souvent car tout tombe en miettes dans notre appartement. La semaine passée c’était le frigo. Enfin ça ce n’est pas très grave puisque fauchées comme est toutes, il n’y avait presque rien dedans.
Justement en parlant de bouffe… Lider m’attend. On va faire des courses au supermarché pour remplir ses placards à lui. Les siens aussi sont vides mais pas pour la même raison que nous. D’abord parce que mon nouvel amoureux n’est pas un gros mangeur. Mais aussi parce qu’à l’époque où il était célibataire, il avait pris l’habitude de grignoter quasi matins, midis et soirs au Susam café. A la maison, il n’avait que des subsistances de première nécessité, à savoir quelques bières, du coca et de l’Ice Tea. Depuis que je suis entrée dans sa vie, il semble s’être réconcilié avec la nourriture.
Je le rejoins au rayon fruits et légumes du Carrefour à Cihangir. Il a commencé à remplir son caddie et est tout excité. Achetons-ça. Oh et ça aussi. Et ça! Je me marre. Je me demande pourquoi il se fait une telle joie d’une activité si ennuyeuse. Moi c’est vraiment le genre de choses qui me pès…
Oh non. Maintenant que j’y pense. Oh ne me dis pas que… oh pourvu que non… Il ne croit quand même pas que je vais lui préparer des petits plats?!
Cette anecdote s’est déroulée au mois de décembre 2009 mais a été écrite au mois de juin 2013.
*léger
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Hahahah! I forgot about Mehmet! Hahaha!
Il ne croit quand même pas que je vais lui préparer des petits plats? hahahaha j’adoreeeeeeee 😉
toujours un plaisir de lire ces délicieuses anecdotes 🙂