Depuis mon arrivée à Istanbul, les femmes que je rencontre ont toutes une fâcheuse tendance à me poser une même question: « Est-ce que tu cuisines? » Est-ce dans l’espoir d’échanger des recettes ou bien par pure curiosité, je n’en sais rien mais pour couper court à la conversation, je réponds toujours par la stricte vérité: « Non, je ne sais pas cuisiner. Et en fait je n’ai pas envie d’apprendre parce que (oui je sais c’est dommage) je déteste ça. »
Certaines n’insistent pas, d’autres ont au contraire envie de sonder l’ampleur de mon incapacité en me demandant si « je suis capable de cuire du riz. » Du riz… quand même! Tu prends le sachet Oncle Ben’s, tu le plonges dans l’eau bouillante et tu le retires dix minutes plus tard. C’est pas sorcier. J’ai pas dit que j’étais débile non plus. Enfin bref.
Ca fait cinq fois que j’arpente les allées du Carrefour de mon quartier et c’est bizarre, je ne trouve pas d’Oncle Ben’s. Il n’y a que du riz sous forme de paquets d’un kilo. Il y aussi des lentilles, du boulgour et plein d’autres féculents sans mode d’emploi. En regardant plus attentivement le contenu des rayons du supermarché, je me rends compte que le rayon des surgelés est rikiki. Impossible, également, de mettre la main sur des sachets de salade prélavée, de pommes de terres découpées. J’erre, décontenancée, à la recherche de purée de pommes de terres en flocons quand soudain, la réalité me frappe de plein fouet: si je ne trouve rien de préparé, c’est parce que la Turquie, c’est le pays des femmes qui savent cuisiner.
De retour à la maison, je raconte ma prise de conscience à Flora et Mano. Mes colocs s’esclaffent. Le lendemain, Farah pense me remonter le moral en m’apprenant à cuire du riz. « Alors d’abord tu le laves à grande eau. Longtemps pour faire sortir tout l’amidon. Puis tu fais revenir une noix de beurre dans une casserole et tu y jettes une partie de ton riz que tu fais dorer. Ensuite… »
Je n’ai rien retenu parce que j’ai décroché. Y avait trop d’étapes. Tout ça pour du riz… franchement! Je décide d’éradiquer ce féculent de mon menu. De toute façon, je préfère les pommes de terres.
Le soir, à table, je peine à terminer mon omelette. Mano me demande, avec un clin d’oeil, si ce n’est pas parce que les oeufs sont trop cuits et les champignons pas assez. Le regard dans le vide, j’ignore sa moquerie. Si je n’ai pas faim, c’est parce que j’angoisse. Pas plus tard qu’aujourd’hui, Lider m’a encore taquinée en me disant qu’il n’était pas certain que ça marcherait avec une ‘yabancı’ = ‘étrangère’ comme moi. Il dit que les femmes turques ont une qualité indéniable: celle de mettre tout leur coeur dans leurs petits plats. Et que d’ailleurs, c’est bien connu, « l’amour passe par l’estomac ».
Faut que j’apprenne à cuisiner. Et vite.
Cette anecdote s’est déroulée en décembre 2009 mais a été écrite au mois d’août 2013.
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Héhé et maintenant tu es devenue un cordon bleu ? Allez une recette facile stp !
Tu l’as dit 😉
je suis morte de rire en te lisant ! 😉
accroches toi ! même moi qui ne suis pas 1 star en cuisine, à force d’entraînement, je réussi à faire un fabuleux pilav ! 🙂 et cerise sur le chapeau quand un soir mon mec me dit « je suis amoureux de ton pilav ! » 😉 enfin amoureux seulement de moi, ça me suffit ! 😉
En fait, je me régale tellement en mangeant chez ma copine turque que j’essaye de les refaire chez moi ! c le pêché de gourmandise qui m’entraîne devant les fourneaux 😉
Bise Melody Masterchef !
Anne-Françoise, t’inquiètes, je me suis améliorée depuis même si ce fameux pilav, je ne le réussis toujours pas à tous les coups. Aaah!
C’est une vérité: je suis une piètre cuisinière, mon copain turc me le dit, il faut savoir cuisiner =) Tu m’as bien fais rire, je me suis reconnue dans toi ^^
C’est toujours bien de savoir qu’on n’est pas seule. 😉
Melody, Melody… 🙂 En lisant tes aventures, je rigole et, vraiment, tes écrits amusants m’aider un peu à éliminer des peurs pour mon petit aventure à septembre. Car je me demande qu’est-ce que je peux y manger pendant ce mois, j’ai commencé à apprendre à cuisiner pour que je puisse me débrouiller mais pfff… Moi aussi, je me reconnais en toi! 😉
Ha ha Ellen, je n’ai qu’une chose à te dire: « kolay gelsin! » Ca veut dire « que tout aille bien » en turc, une sorte de « succes » quoi. 🙂 Si tu ne t’en sors pas, n’hésites pas à m’appeler. Je te ferai à manger et te donnerai un petit cours de ‘pilav’ turc 😉
En même temps, je ne vois pas pourquoi ce serait forcémment aux femmes de cuisiner. Les hommes n’ont pas une incapacité congénitale pour manier une casserole j’imagine! Non mais oh!
Tout à fait d’accord avec vous Sarah ! D’ailleurs mon mari cuisine très bien et s’il veut des recettes turques, il les cuisine lui-meme (pcq si c’est moi qui les fait, je les adapte un peu héhé à ma manière).
J’ai suivi votre blog, et je connais un peu Istanbul (moins bien que vous bien-sûr;-) et il me semble que vous disiez être écolo : c’est très contradictoire de vouloir manger du surgelé et d’être écologiste…
les européens pensent certainement que les turcs sont pas très écolos mais moi je trouve que cuisiner des produits frais tous les jours , et se nourrir sainement, ça c’est très écolos!!
Contente que vous cuisiniez maintenant et que vous ayez la chance de profiter de tous les beaux marchés turcs:-))
Hé hé, vous avez un peu raison même si surgelé ne signifie pas nécessairement malbouffe. En Belgique, j’achetais du bio frais mais aussi des légumes surgelés. Heureusement, depuis, j’ai appris à cuisiner ici et je n’achète que du frais. Et en effet, les marchés turcs, c’est un réel plaisir. 🙂
où es-tu Mélody ? la suite de tes aventures me manque … en plus, je ne te trouve plus sur Facebook … J’espère sincèrement que tout va bien pour toi !
Salut Anne-Françoise! Je sais! J’arrête pas de me dire qu’il faut que j’écrive la suite mais je n’ai tellement pas eu le temps! Bon la bonne nouvelle, c’est que je crois que ça va changer. Et puis j’ai vu ton commentaire parce que je me suis connectée à mon blog, preuve que… je suis en train de l’écrire, cette suite! 🙂
Bises
Melody
PS: Ah non tu ne me retrouves plus sur …? Comment ça se fait?
Haaaa j’adore!! la suite, la suite..
En plus d’écrire un livre il faudrait tourner un film;)
Pour ma part, quand j’ai rencontré mon mari, je ne savais pas cuisiner..il m’a tout appris, maintenant je sais cuisiner turc mais rien d’autre..
Tous les matins, je n’échappe pas au socuk yumurta et à Rafet dans la voiture..
Bonne continuation à toi et au plaisir de te lire;)
Julie
Ça me rappelle la première fois que je suis allée dans une supérette en Turquie. Quoi? Pas de tomates pelée, de crème fraiche, de surgelés. Et oui ici faut tout faire soi même.
« Est-ce que tu sais cuisiner? » et « que cuisines-tu? » ont été dans les premières questions de ma belle-mère quand je l’ai rencontrée pour la première fois. J’ai été assez décontenancée par la question car je n’avais encore jamais dû répondre à cette question. D’habitude, quand je dois dire qui je suis, on me demande quelles études j’ai faites, combien de langues je parle, si je suis déjà partie vivre à l’étranger, où je travaille…
Différence culturelle.
Maintenant quand elle vient à la maison, ses valises pleines de repas (pour m’aider), hé bien moi je lui fait à chaque fois un nouveau menu, avec des ingredients qu’elle aime, mais des recettes occidentales 😉