Lider m’a proposé plusieurs fois déjà d’emménager chez lui. Et moi, à chaque fois, je refuse. Parce qu’on n’emménage pas avec son mec après à peine 3 mois de relation. C’est beaucoup trop tôt. Non ça n’a rien avoir avec l’amour que je lui porte, avec le sérieux de notre relation, c’est justement pour ne pas la bousiller que je dis non. Vivre à deux, c’est un chamboulement dans une relation. Mine de rien, ça met une pression. Puis les chaussettes par terre, les poils qui traînent dans la douche, les serviettes de bain humides roulées en boule, ce sont des petites habitudes quotidiennes de mec que je ne suis pas prête à revoir de si tôt.
« Mais tu racontes n’importe quoi. En plus tu habites déjà chez moi! » me fait remarquer Lider. Il a raison: je dors chez lui presque tous les jours de la semaine. Et je n’ai jamais vu de chaussettes traîner. Ni de poils d’ailleurs. Sa serviette, sèche, est accrochée au crochet derrière la porte de la salle de bain.
Dans notre cas, le fait d’emménager ensemble ne pose aucun problème de morale. Si mon amoureux avait été un Turc de pure souche, un vrai de vrai, il en aurait été autrement. Certaines familles sont ouvertes d’esprit mais la plupart sont encore très vieux jeu et trouvent inacceptable qu’un couple non marié cohabité sous le même toit. Je me souviens de ce couple italo-turc rencontré chez une amie à Berrak. Alberto et Pınar vivaient ensemble depuis des années. Les parents de la fille habitaient à Ankara et n’en savaient rien. Lorsque la famille rendait visite à sa fille à Istanbul, Alberto passait quelques jours chez des amis et effaçait toute trace de sa vie dans l’appartement. Fatigués de cette mise en scène, les deux tourtereaux ont fini par se marier. Les parents de Pinar étaient au courant de la relation de longue durée de leur fille mais sans le certificat de mariage, ils n’auraient jamais accepté que le couple vive sous le même toit.
Renoncer à mon appart actuel ne me fait pas peur. Même si, du temps où j’épluchais les petites annonces avec Mano, celui-ci correspondait exactement à ce que je cherchais, je ne m’y suis jamais vraiment habituée. Je crois que c’est à cause de ma chambre. Elle a une forme bizarre, un long rectangle avec un lit immense d’un côté et une garde-robe de l’autre et même si j’ai déjà changé la configuration des meubles, je m’y sens toujours oppressée. Puis il y a cette odeur acre permanente. J’en suis venue à la conclusion que jadis, un félin avait dû habiter l’appartement et avait uriné sur mon matelas. Si c’est réellement le cas, l’odeur est incrustée dedans et je n’arriverai jamais à m’en débarrasser.
Lors de notre toute première visite, Flora avait exprimé son souhait de trouver des colocataires qui auraient envie de faire de ce lieu non pas « a house but a home« *. Elle voulait améliorer la déco pour le rendre chaleureux (c’est bon, c’est dans mes cordes) pour pouvoir y cocooner (je suis douée pour ça). C’est vrai qu’on en a fait un petit nid douillet, qu’on a excellé dans la fabrication des cosmétiques maison et qu’on a même organisé quelques soirées vin et chocolat entre filles. Pour le reste… je dois avouer que j’ai un peu manqué à la règle de base. Cet appart, je n’y suis presque jamais. Depuis que j’y habite, je n’y ai jamais dormi plus de 3 nuits d’affilée. Ou bien je suis chez Sophie sur l’île de Heybeli. Ou bien (avant qu’elle ne quitte Istanbul) chez Farah à Tarabya. Quand je fréquentais Şafak, j’étais souvent à Moda. Et désormais je passe la plupart des mes nuits chez Lider. Je sens bien que Flora est déçue et sans doute préfèrerait-elle trouver une colocataire plus en phase avec son mode de vie…
C’est vrai que c’est ridicule de refuser, par principe, d’emménager avec Lider sous prétexte que c’est trop tôt. Lui affirme qu’attendre plusieurs années avant de vivre ensemble à 20 ans, ça a du sens mais il dit que si on fait pareil à 30 ans, on ne fait pas d’enfant avant 40. Bon, j’ai éludé la réflexion sur les gosses dans l’espoir qu’il ne relance pas la conversation mais… il a raison. Oui il a raison.
Je l’aime. J’aime être avec lui. J’aime me réveiller avec lui. Et j’ai envie de vivre ça tous les jours.
Moi qui pensais que c’était un dilemme entre le coeur et la raison, je trouve la situation on ne peut plus claire maintenant: le coeur me dit oui, la raison aussi. Alors c’est décidé, c’est un grand OUI!
* pas qu’une maison, plutôt un chez-soi.
Cette anecdote s’est déroulée en février 2010 mais a été écrite au mois de mars 2015.
Mon programme de la soirée? Un concert-barbecue improvisé...
La cohabitation avec Dario se passe à merveille. Et...
Depuis mon arrivée à Istanbul, les femmes que je...
Le 11 septembre 2001, Kuşadası, Ouest de la Turquie...
Un jour, tandis que Şafak et moi bavardions de tout...
Alaturka Belles, belles, belles! Chacun son quartier Du fun à la pelle Fous rires L'aventure, c'est l'aventure Le livre en ligne Non classé Politika Rencontres Surprises! T'as l'adresse? Têtes de Turcs Trucs de filles Une autre culture
Bon d’accord je n’ai pas vu la mosquée de Soliman le magnifique ni le grand bazar. Mais je connais une...
Après un mois de cours de turc intensifs avec l'adoré Ibrahim bey, je décide de passer à un horaire plus...
Je confie mes clés de chambre à Dario. Il emménage dans la mienne, la sienne étant réquisitionnée par Necla qui...
Quel bonheur quand le cœur et la raison sont d’accord ! J’ai hâte de ressentir ce sentiment un jour ! 🙂
Je te le souhaite Anne-Françoise!